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Há algum tempo ocorreu no bloguismo português um debate sobre os 500 anos do massacre de judeus em Lisboa. De tudo o que já li nesse meio o que então ocorreu foi-me o mais desagradável. De intolerância mútua. Muito dela germinada na incompreensão (um outro tanto na arrogância). Também a esse respeito, do olhar a história e assim fazer o presente, aqui deixo um excerto de uma entrevista a Pierre Nora que gostaria de ter divulgado nessa ocasião. Os realces (a azul) na introdução da entrevista e nas declarações de Nora são de minha responsabilidade.

Pierre Nora et le métier d'historien. « La France malade de sa mémoire » ", Propos recueillis par Jacques BUOB et Alain FRACHON, Le Grand Entretien, Le Monde 2, n° 105, février 2006 ; in " Colonies : un débat français ", Hors-série Le Monde 2, mai-juin 2006.

Que faire quand la France est tiraillée entre des minorités - ethniques, religieuses, sexuelles - qui, toutes, cherchent à imposer leur "mémoire" à la majorité? Que faire quand ces minorités entendent sacraliser la perception qu'elles ont de leur passé et interdire par la loi ou la pression sociale, qu'on puisse la contester?

L'affaire des caricatures de Mahomet et celle du débat sur la colonisation posent des questions voisines. Est-ce au législateur de trancher, de dire l'histoire? Il s'en est mêlé: loi Gayssot de 1990, qui érige en délit la contestation d'un crime contra l'humanité; loi Taubira de 2001, qui fait de la traite négrière un crime contre l'humanité.

Cette tendance, très française, a subi un revers avec l'annulation par le Conseil constitutionnel de l'alinéa de l'article 4 de la loi du 23 février 2005 sur la nécessité d'enseigner "le rôle positif de la présence française outre-mer". C'est que lhes historiens se sont rebellés. Contre l'intimidation du politiquement correct et contre les prescriptions de l'État dans la lecture de l'histoire.

L'un des plus éminents d'entre eux, Pierre Nora, a participé à cette bataille. (...)

Le Monde 2 - Les questions de l'esclavage et de la colonisation, la notion de crime contre l'humanité appliquése à des événements du passé ont fait irruption dans le débat public. Notre histoire semble remise en question. La confusion régne entre une analyse "historique" de ces événements et une approche "mémorielle", plus épidermique, plus immédiate, plus politique. Chacun réclame la reconnaissance de sa douleur. Face à ce déferlement de sentiments contradictoires, touchant à la réalité de notre passé commun, l'historien est mis en question. Voire en accusation. Que faut-il penser?Pierre Nora - La tendance à appliquer la notion de crime contre la humanité à des événements du passé, si révoltants qu'ils puissent être, est dangereuse et inquiétante aux yeux d'un historien. Car cette notion est très précisement définie.

 

Elle comporte deux aspects qui sont, par principe, étrangers à l'historien: une condamnation morale, qui suppose une humanité identique à elle-même et relevant des mêmes critères de jugement qu'aujourd'hui; et un principe d'imprescriptibilité, qui suppose un temps identique à lui-même, alors que l'histoire est d'abord un apprentissage de la différence des temps.On comprend l'application de cette notion à des assassinats de masse contemporains, visibles, tangibles. Mais avec la traite et l'esclavage que vise la loi Taubira de 2001, on est de deux à cinq siècles en arrière. Et quels auteurs de ces crimes poursuivra-t-on sinon les historiens que évoquent ces événements en des termes que n'autorixe pas la loi?

Il y a là une porte ouverte à la dérive qui ne s'explique que par une forme de laxisme politique et par l'atmosphère repentante et pénitencielle qui règne sur notre société. Cette dérive tend à mettre les historiens au premier rang d'un débat sur la liberté intellectuelle, parce que leur travail est, par définition, le contraire du jugement moral et de la distribution de bons points.

Le Monde 2 - Que préconisez-vous pour sortir de cette situation?

Pierre Nora - Que chacune des parties prenantes au passé reste à sa place. Je suis stupéfait des difficultés à faire comprendre les positions que nous avons prises, pourtant simples et claires.

Beaucoup font semblant de croire qu'il s'agirait de refuser aux politiques le droit de s'occuper du passé. Je n'ai pourtant jamais recontré un historien pour croire que "l'histoire est le monopole des historiens", selon la nouvelle formule.

Il est parfaitement normal que la représentation nationale, sous la forme parlamentaire ou présidentielle, formule des déclarations, vote des résolutions, institue des commémorations, organise des hommages, décide des compensations, construise des musées. C'est son rôle, et même son devoir, de cadrer et d'orienter la mémoire collective, d'honorer les victimes surtout. Aux politiques la gestion du symbolique, le respect du rituel - le seul problème étant qu'ils le fassent à bon escient, avec intelligence et générosité." (...)

Adenda:1. Lei 90-165 (Gayssot) [contra racismos, antisemitismo e xenofobia] (texto); "Le génocide, le juge et le historien", de Madeleine Rebérioux (L'Histoire no 138, novembre 1990, pp. 92-94); "Contre la loi Gayssot", de Madeleine Rebérioux (Le Monde).

2. Lei Taubira (esclavagismo como crime contra a humanidade).

publicado às 22:30


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